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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

nal, tourna toutes ses pensées du côté des expéditions militaires. Il fit faire des trirèmes sur la mer Septentrionale, et dans le golfe Arabique, sur la mer Érythrée. On voit encore aujourd’hui les chantiers où on les construisit. Ces flottes lui servirent dans l’occasion. Nécos livra aussi sur terre une bataille contre les Syriens, près de Magdole ; et, après avoir remporté la victoire, il prit Cadytis, ville considérable de Syrie. Il consacra à Apollon l’habit qu’il avait porté dans ces expéditions, et l’envoya aux Branchides, dans le pays des Milésiens. Il mourut ensuite, après avoir régné seize ans en tout, et laissa la couronne à Psammis, son fils.

CLX. Sous le règne de ce prince, des ambassadeurs arrivèrent en Égypte de la part des Éléens. Ces peuples se vantaient d’avoir établi, aux jeux olympiques, les règlements les plus justes et les plus beaux, et s’imaginaient que les Égyptiens même, quoique les plus sages de tous les hommes, ne pourraient rien inventer de mieux. Étant donc arrivés à la cour, et ayant expliqué le sujet de leur ambassade, le roi convoqua ceux d’entre les Égyptiens qui passaient pour les plus sages. Ceux-ci assemblés, les Éléens leur exposèrent tous les règlements qu’il leur avait paru convenable de faire, et leur dirent qu’ils étaient venus savoir si les Égyptiens pourraient en imaginer de plus justes. Les Égyptiens, ayant délibéré sur cet exposé, leur demandèrent si leurs concitoyens étaient admis à combattre à ces jeux : les Éléens ayant répondu que cela leur était permis ainsi qu’au reste des Grecs, les Égyptiens leur dirent que ce règlement violait entièrement les lois de l’équité, parce qu’il était impossible qu’ils ne favorisassent leur compatriote au préjudice de l’étranger ; mais que, s’ils voulaient proposer des jeux où la justice fût observée, et que si c’était là le sujet de leur voyage en Égypte, on leur conseillait d’en établir où les étrangers eussent seuls le droit de combattre, et où il ne fût pas permis aux Éléens d’entrer en lice. Tel fut le conseil que les Égyptiens donnèrent aux ambassadeurs d’Élée.

CLXI. Psammis ne régna que six ans ; il mourut aussitôt après son expédition d’Éthiopie. Son fils Apriès lui suc-