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CLIO, LIVRE I.

nent dans ces allées, et choisissent les femmes qui leur plaisent le plus. Quand une femme a pris place en ce lieu, elle ne peut retourner chez elle que quelque étranger ne lui ait jeté de l’argent sur les genoux, et n’ait eu commerce avec elle hors du lieu sacré. Il faut que l’étranger, en lui jetant de l’argent, lui dise : J’invoque la déesse Mylitta. Or les Assyriens donnent à Vénus le nom de Mylitta. Quelque modique que soit la somme, il n’éprouvera point de refus, la loi le défend ; car cet argent devient sacré. Elle suit le premier qui lui jette de l’argent, et il ne lui est pas permis de repousser personne. Enfin, quand elle s’est acquittée de ce qu’elle devait à la déesse, en s’abandonnant à un étranger, elle retourne chez elle. Après cela, quelque somme qu’on lui donne, il n’est pas possible de la séduire. Celles qui ont en partage une taille élégante et de la beauté ne font pas un long séjour dans le temple ; mais les laides y restent davantage, parce qu’elles ne peuvent satisfaire à la loi : il y en a même qui y demeurent trois ou quatre ans. Une coutume à peu près semblable s’observe en quelques endroits de l’île de Cypre.

CC. Telles sont les lois et les coutumes des Babyloniens. Il y a parmi eux trois tribus qui ne vivent que de poissons. Quand ils les ont pêchés, ils les font sécher au soleil, les broient dans un mortier, et les passent ensuite à travers un linge. Ceux qui en veulent manger en font des gâteaux, ou les font cuire comme du pain.

CCI. Lorsque Cyrus eut subjugué cette nation, il lui prit envie de réduire les Massagètes sous sa puissance. On dit que ces peuples forment une nation considérable, et qu’ils sont braves et courageux. Leur pays est à l’est, au delà de l’Araxe, vis-à-vis des Issédons. Il en est qui prétendent qu’ils sont aussi Scythes de nation.

CCII. L’Araxe (le Wolga), selon quelques-uns, est plus grand que l’Ister (le Danube) ; selon d’autres, il est plus petit. On dit qu’il y a dans ce fleuve beaucoup d’îles dont la grandeur approche de celle de Lesbos ; que les peuples qui les habitent se nourrissent l’été de diverses sortes de racines, et qu’ils réservent pour l’hiver les fruits mûrs qu’ils trouvent aux arbres. On dit aussi qu’ils ont décou-

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