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aimer : à cette condition seule, remplie des deux parts, est le bonheur et l’harmonie du ménage.

Mais laissons toutes ces questions incidentelles : mon livre est écrit, non pour suivre les classificateurs sur le terrain de l’imagination, pour discuter à perte de vue sur le rôle des sexes ; non pas même pour poser le Droit de la femme en conséquence de sa différence et de son utilité autre que celle de l’homme ; mais écrit uniquement pour poser le Droit de la femme à la Liberté dans l’Égalité parce qu’elle est, comme l’homme, une créature humaine ; parce qu’ainsi que le dit P. Leroux, il n’y a plus ni esclaves ni serfs devant le Droit français.

Je n’apporte pas une idée nouvelle : je ne fais que continuer la tradition de la majorité des hommes de Progrès, et je me contente de la développer, de l’expliquer, de la soutenir et de l’amender.

J’aurais négligé peut-être de relever l’opinion surannée de la minorité, si ceux qui la représentent, n’avaient le privilège de se faire écouter d’un nombreux public. Mais comme ce privilège rend leurs erreurs dangereuses et que, de leur fait, beaucoup de femmes prennent en aversion les principes de 89, je ne me suis pas crue libre de laisser compromettre ces principes sacrés auprès du sexe qui, par l’éducation et l’influence, disposé en grande partie de l’avenir de la Démocratie. J’ai donc dû prouver à la maladroite minorité progressiste qu’elle abuse de l’à priori, construit des théories d’asservissement sur des lois imaginaires, manque de méthode, se met constamment en contradiction flagrante avec les faits, avec la science, avec la logique, avec ses propres principes sur le Droit.