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d’odieuse tyrannie : le droit est absolu, il ne se scinde pas, il est un : quand il se différencie, ce n’est plus le Droit, c’est le privilège, c’est à dire l’injustice.

Toutefois, pour qu’on ne m’accuse pas d’éluder ou de tourner les questions, parce que je ne puis ou ne veux pas les résoudre, j’ai déclaré nettement ma pensée et j’ai dit : en principe, je n’admets pas que, devant le Droit, on puisse légitimement classer les fonctions en masculines et féminines, quoique j’admette qu’elles se classent dans la pratique selon le degré de développement des sexes et leurs aptitudes actuelles.

Je ne puis admettre en principe une classification devant le Droit, parce que cela supposerait qu’on a trouvé la loi permanente des caractères qui distinguent radicalement les sexes ;

Parce que cela supposerait que les sexes sont immobiles, improgressifs.

Or les théories qui établissent une classification, sont loin de révéler la loi, puisqu’elles sont contredites par une multitude innombrable de faits. Et si leur caractère empirique suffit pour les rejeter, que sera-ce, si l’on considère les tristes conséquences qu’elles entraînent !

Elles faussent l’éducation, détruisent la spontanéité du sexe jugé inférieur ;

Elles conduisent à l’oppression de la minorité vigoureuse qui ne s’est pas soumise à l’étiolement calculé ;

Elles font établir le privilège dans le Droit ;

Elles empêchent l’humanité de se développer librement, et la privent de la moitié de ses forces.

Elles conduisent à calomnier la nature et à nier la valeur de