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maintenue dans lignorance, était réellement inférieure à lhomme en intelligence, en caractère, en activité ;

Lorsqu’elle n’avait et ne se croyait pour fonction que la maternité et les soins du ménage ;

Lorsqu’elle trouvait un soutien légitime qui l’aimait, la protégeait ;

Lorsque, inférieure par l’éducation elle se croyait aussi de nature inférieure, et considérait comme son devoir envers Dieu l’obéissance à son mari.

Les choses étaient-elles bien ainsi ? Je n’en discuterai pas : préfère le passé qui veut ; moi j’aime mieux l’avenir où je vois l’amour complet dans l’égalité, la fusion des âmes, la confiance entière et réciproque, l’effort commun pour une œuvre commune, l’union sainte, pure, entière jusqu’au tombeau qui ne sera pour le survivant qu’un berceau d’immortalité.

Il n’est question ni de ce que nous préférons, ni de ce que nous rêvons les uns ou les autres : mais seulement de ce qui peut être, d’après l’état des esprits et des choses : c’est folie que de vouloir ramener le monde en arrière : la sagesse consiste à régler sa marche en avant.

Pourquoi la femme revendique-t-elle son droit à la liberté et à l’égalité ?

C’est d’abord parce que, beaucoup plus instruite que par le passé, elle sent mieux sa dignité et les droits de sa personnalité. C’est parce que les leçons et l’exemple des hommes l’ont éloignée de la foi complète au dogme ancien, qu’elle n’accepte plus que sous bénéfice d’inventaire ; c’est à dire en repoussant ce qui heurte ses sentiments nouveaux. Elle sent trop ce qu’elle vaut