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de principes, autant que d’un progrès dans les doctrines morales : jamais Rome et la Grèce n’eussent accepté le Dieu, roi unique, si d’abord elles n’eussent accepté l’unité du pouvoir dans les mains d’un César : car les nations ont une tendance invincible à modeler leur gouvernement et leurs lois sur leurs conceptions religieuses, et vice versa : il résulte de cela, qu’un pays qui change de principes et de lois, tend invinciblement à changer de Religion.

Voilà, Madame, l’enseignement que vos élèves doivent retirer de l’étude des religions : car c’est surtout par l’étude des religions et des philosophies, qu’elles peuvent connaître le génie des peuples.

N’oubliez pas de leur faire faire la critique rationnelle des Philosophies, à mesure que vous leur présenterez l’ensemble de chaque doctrine. Qu’elles admirent les hommes de génie, à la bonne heure ; qu’elles respectent Platon et Spinosa, Aristote et Hegel, Descartes et Leibniz, rien de mieux ; mais montrez-leur en quoi ils ont fait fausse route ; car vos enfants ne doivent pas plus avoir de fétiches parmi les hommes que parmi les choses : elles doivent rester elles-mêmes, et n’être le daguerréotype de personne.

Dans le cours de vos études historiques, vous ne négligerez pas non plus de vous arrêter suffisamment sur les doctrines économiques et sociales, les différentes formes politiques et les lois, et le rapport de ces choses, avec la justice.

Dans ces études, vos élèves doivent trouver leur critère dans la Doctrine que vous leur avez inculquée touchant les destinées humaines, et la théorie des Droits et des Devoirs.