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limites légitimes : car elles sont naturellement plus nombreuses et plus fortes que celles qui nous relient à nos semblables.

Dans l’idéal qui doit avoir la foi de vos élèves, lhumanité est son œuvre propre : ce qu’elle a produit et produira de bien est et sera le résultat du développement de ses facultés, du triomphe de sa volonté, de sa Raison, de sa liberté sur les fatalités naturelles. Un tel idéal vous oblige, non seulement à cultiver la Raison de vos élèves, mais encore à respecter en elles la liberté, la volonté, l’instinct de lutte : vous persuadant bien que les êtres de volonté faible ne sont bons qu’à porter des fers et ne peuvent être vertueux.

Pour se respecter et, par suite, respecter autrui, il faut se sentir libre et digne ; donc vous ne devez pas amoindrir dans vos élèves le sentiment de leur valeur et de leur dignité.

Tous nos progrès étant dus à la culture de notre intelligence, de notre Raison et de notre Sensibilité, vos soins doivent tendre à les développer chez vos élèves ; à les habituer à ne rien croire de ce qui contredit la science ; car tout serait perdu si vous placiez en elles la contradiction.

La régularité et la justesse de nos fonctions dépendant du bon état de nos organes, vous devez prendre tous les moyens pour que la santé de vos élèves soit solide, vigoureuse. Une santé faible fait autant d’esclaves que le défaut de volonté ou de dignité, ou que la prédominance des instincts égoïstes.

Nous voilà donc bien loin déjà de la méthode ancienne, puisque vous ne devez ni humilier, ni frapper vos élèves, ni briser leur volonté, ni leur ordonner de croire, ni les punir en