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4o MAL MORAL ET BIEN MORAL.


12o Le mal et le bien, dans le sens moral, ne sont pas des substances, des êtres en soi, mais l’expression de rapports jugés vrais ou faux entre l’acte de notre libre-arbitre et l’idéal du bien posé par la conscience.

13o L’âme d’une nation, c’est le Bien et le Juste : ce qui est prouvé par ces deux faits : chute des civilisations et des empires par l’affaiblissement du sens moral ; décadence, par ce seul fait, malgré le progrès littéraire, artistique, scientifique et industriel.

14o L’affaiblissement du sens moral est le résultat de l’absence d’un idéal élevé du Bien et de la Justice, et produit la prédominance croissante des facultés égoïstes sur les facultés sociales.

15o La lutte est en nous par la constitution même de notre être, parce qu’il y a antagonisme entre les instincts qui tendent à notre satisfaction propre, et ceux qui nous relient à nos semblables ; parce que, d’autre part, les premiers nous sont donnés dans toute leur âpre vigueur, tandis que les autres ne nous sont donnés qu’en germe pour que nous ayons la gloire de nous élever nous-mêmes de l’animalité à l’Humanité. De ces faits, il résulte que la vertu, c’est à dire l’exercice du libre-arbitre et de la force morale contre les empiétements des facultés égoïstes, est et sera toujours nécessaire pour les maintenir dans leurs limites légitimes, et les empêcher d’opprimer les facultés supérieures.