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Parce qu’enfin la femme, devant être l’égale de l’homme devant la Société, ne peut, sous aucun prétexte, perdre cette égalité par suite d’une association plus intime avec lui.

L’auteur. Il y a deux questions dans le Mariage, outre celle de la personne ; c’est celle des biens et des enfants. Ne pensez-vous pas que la femme mariée doive être comme la fille majeure maîtresse de ses biens, libre d’exercer toute profession qui lui conviendra, maîtresse de vendre, d’acheter, de donner, de recevoir, de plaider ?

La jeune femme. L’homme marié ayant tous ces droits, il est évident que la femme mariée doit les posséder sous la loi d’égalité. N’êtes-vous pas de cet avis ?

L’auteur. Dans toute association, lon engage une part de liberté sur certains points convenus. Or les époux sont associés, donc ils ne peuvent être aussi complètement libres que des étrangers à l’égard l’un de l’autre : seulement il faut, répétons-le, que la situation soit la même et les engagements réciproques : Si la femme ne peut ni vendre, ni aliéner, ni donner, ni recevoir, ni enter en jugement sans le consentement du mari, il n’est pas permis au mari de faire ces choses sans le consentement de sa femme ; s’il n’est pas permis à la femme d’exercer une profession sans le consentement du mari, il n’est pas permis à celui-ci d’en exercer une sans le consentement de la femme ; si la femme ne peut engager la communauté sans le mandat du mari, celui-ci ne peut l’engager sans le mandat de la femme. Je vais plus loin, je n’admettrais pas volontiers que la femme, avant vingt-cinq ans accomplis, donnât à son mari l’autorisation d’aliéner rien de ce qui appartient à l’un des deux : le mari a trop