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enfants ; pour qu’elle soit une épouse digne et sérieuse, prête à remplir tous ses devoirs, je le répète, il ne faut pas la marier avant vingt-quatre ou vingt-cinq ans ; il ne faut pas lui faire épouser un homme plus âgé qu’elle.

La jeune femme. Mais on prétend que le mari doit avoir dix ans de plus que la femme, parce que celle-ci vieillit plus vite ; qu’il est nécessaire qu’il ait l’expérience de la vie pour apprécier sa femme et la rendre heureuse.

L’auteur. Erreurs et préjugés que tout cela, Madame. La femme ne vieillit plus que l’homme que par le mariage et la maternité prématurés : un homme et une femme bien conservés ne sont pas plus vieux l’un que l’autre au même âge. Seulement la femme consent à vieillir, l’homme y consent beaucoup moins, puisqu’il ne rougit pas, lorsqu’il a les cheveux gris, d’épouser une jeune fille et d’afficher la ridicule prétention d’en être aimé d’amour. Il faut déshabituer les hommes de se croire perpétuellement dans le bel âge de plaire ; de s’imaginer qu’ils sont tout aussi agréables à nos yeux quand ils sont vieux ou laids que s’ils étaient des Adonis. Il faut leur redire sans cesse que ce qui est malséant pour nous l’est pour eux ; et qu’une vieille femme ne serait pas plus ridicule de rechercher l’amour d’un jeune homme, qu’un vieillard de prétendre à celui d’une jeune femme.

Le mari et la femme doivent être à peu près du même âge ; d’abord pour se traiter plus facilement en égaux, puis parce qu’il y a plus d’harmonie dans la manière de sentir et de voir et dans le tempérament, toutes choses très nécessaires à l’organisation des enfants.

Il faut encore, pour que la femme ne soit pas tentée d’infi-