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individuelle, mais de la rendre responsable de ses actes, et de la river tellement à la chaine qu’elle-même s’est forgée, qu’elle ne puisse ni la rejeter, ni la faire porter à d’autres sans qu’ils n’en soient dûment avertis et qu’ils n’y consentent.


IV


La jeune femme. La société devrait-elle permettre les unions disproportionnées sous le rapport de l’âge ? N’est-ce pas exposer une femme à l’adultère, que de lui faire épouser à dix-sept ou dix-huit ans un homme de trente, quarante et même cinquante ans ? Quels rapports de sentiments et de manière de voir peuvent exister alors entre les époux ? La femme voit en son mari une sorte de père qu’elle ne peut cependant aimer ni respecter comme un père, et elle reste toute sa vie mineure.

L’auteur. Ces unions sont très fâcheuses pour la femme et pour la génération, et elles seraient pour la plupart évitées, si la loi fixait l’âge du mariage pour les deux sexes à vingt-quatre ou vingt-cinq ans. À dix-sept ans, nous nous marions pour être appelées Madame, pour porter une robe magnifique et une couronne de fleurs d’oranger ; certes nous ne le ferions pas à vingt-cinq.

Si la fleur n’est appelée à former son fruit que quand elle est parfaite, il doit en être de même de l’homme et de la femme : or, dans nos climats, l’organisation de l’un et de l’autre n’est complète qu’à l’âge de vingt-quatre ou vingt-cinq ans.

La femme donne plus et fatigue plus dans la grande œuvre de