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Nous n’avons pas à examiner ici si cette conception moderne s’est incarnée dans les faits ; si le principe ancien n’est pas en lutte contre le principe nouveau ; si les dépositaires de l’autorité politique et familiale n’ont pas de folles prétentions de droit divin ; nous avons seulement à constater ce qu’est devenue la notion de l’autorité dans la pensée et le sentiment actuels.

Que serait l’autorité dans le Mariage, d’après l’opinion moderne, sinon la délégation faite par l’un des époux à l’autre, du gouvernement des affaires et de la famille, sinon une délégation de fonction, non plus un droit ?

Et si l’homme et la femme sont, en principe, socialement égaux, si les aptitudes, raison d’être de toute fonction, ne dépendent pas du sexe, de quel droit la Société interviendrait-elle pour donner l’autorité soit à l’homme soit à la femme ?

S’il y a besoin d’une autorité dans le ménage, est-ce que les époux ne sauront pas bien en charger celui des deux qui saura le mieux et le plus utilement l’exercer ?

Mais, entre conjoints, y a-t-il vraiment place pour l’autorité ? Non : il n’y a place que pour la division du travail, la bonne entente sur des intérêts communs. Se consulter, se mettre d’accord, se partager la tâche, rester maître chacun dans son département : voilà ce qu’ont à faire et ce que font généralement les époux.

La loi est si peu dans nos mœurs, que voici ce qui se passe aujourd’hui : beaucoup de dames riches traduisent ainsi deux articles du Code : le mari obéira à sa femme, et la suivra partout où elle jugera convenable d’aller résider ou se promener. Et les maris obéissent, parce qu’on doit ménager une femme bien dotée ;