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La femme ayant les nerfs du sentiment plus développés, est plus impressionnable et plus mobile que l’homme.

Étant plus faible et aussi volontaire, elle obtient par l’adresse et la ruse ce qu’elle ne peut obtenir par la force ; sa faiblesse lui donne de la timidité, de la circonspection, le besoin de se sentir protégée.

Les travaux qui exigent de la force lui répugnent.

Sa destination maternelle la rend ennemie de la destruction, de la guerre ; et son organisation plus délicate lui fait redouter et fuir la lutte. Cette même destination maternelle imprime un cachet particulier à son intelligence : elle aime le concret, et tend toujours à faire passer l’idée dans les faits, à l’incarner, à lui donner une forme arrêtée ; son raisonnement est l’intuition ou l’aperception rapide d’un rapport général, d’une vérité que l’homme ne dégage qu’avec beaucoup de peine, à l’aide des échasses logiques.

La femme est meilleure observatrice que l’homme, et pousse plus loin que lui l’induction ; elle est en conséquence plus pénétrante, et bien meilleur juge de la valeur morale et intellectuelle de ceux qui l’entourent.

Plus que l’homme, elle a le sentiment du beau, la délicatesse du cœur, l’amour du bien, le respect de la pudeur, la vénération pour tout ce qui est supérieur.

Plus prévoyante que lui, elle a plus d’ordre et d’économie, et surveille les détails administratifs avec une conscience qui va souvent jusqu’à la puérilité.

La femme est adroite, appliquée : elle excelle dans les travaux de goût, et possède de grandes tendances artistiques.