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ont beaucoup de peine à le modifier ; la femme est naturellement douce, aimante, sensible, équitable, pudique ; c’est à elle que l’homme doit la justice et ses autres vertus, quand il en a : d’où il résulte que c’est vraiment à la femme seule qu’est dû le progrès social : voilà pourquoi chaque pas fait vers la civilisation est marqué par un pas de la femme vers la liberté.

Si nous considérons chacun des sexes dans leur rapport avec la destinée humaine, nous sommes obligés de nous avouer que, si la prédominance de l’homme a eu sa raison d’être dans la nécessité d’ébaucher cette destinée, la prééminence de la femme est assurée sous le règne futur du droit et de la paix.

Il a fallu lutter et combattre pour établir la justice et soumettre la nature à l’humanité ; ce devait être le rôle de l’homme qui représente la force musculaire, l’esprit de lutte ; mais comme on peut déjà prévoir dans un avenir prochain l’avènement de la paix, la substitution du travail pacifique et des négociations à la guerre, il est clair que la femme devra prendre la direction des affaires humaines auxquelles l’appelleront alors ses facultés mieux adaptées à la fin désormais poursuivie.

La femme a dû se développer socialement et se manifester socialement la dernière, par la même raison que l’espèce humaine est la dernière création de notre globe : l’être le plus parfait apparaît toujours après ceux qui ont servi à le préparer.

Comme il est démontré d’autre part que, dans l’échelle des organismes divers, l’organe qui se surajoute aux autres pour constituer un changement d’espèce, gouverne ceux que l’individu tient des espèces inférieures, de même la femme, complètement