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A midi, quand sonne la cloche,
Votre dîner est apprêté,
Le pauvre, s’il ne reçoit de vous
N’aura pas de dîner.
L’hiver, quand tombe la neige,
Vous êtes vêtus chaudement ;
Le pauvre, souvent tombe sans force,
Glacé, orphelin qu’il est sur la terre !
Le feu brille en votre foyer,
Votre demeure est pleine de chaleur :
La demeure du pauvre, fût-il malade,
Est une misérable étable !
Le dimanche, quand vous allez à la messe,
Vous prenez vos beaux habits ;
Sans aucune différence, le dimanche comme les autres jours,
Le pauvre est toujours pauvre.
Dans l’Eglise même, ô chose dure !
Tout autant pour nous que pour vous,
Nous sommes exilés loin de l’autel,
Comme autant de lépreux.
Pauvre, mon ami, quand, pour chercher tes morceaux,
Tu vas de porte en porte,
Les enfants, près de leurs mères,
Vite se cachent devant le pauvre !
Le chien, quand vient le riche,
Resté doux, comme un agneau,
Aboie, si tu approches un peu.
Comme contre un malfaiteur.
Pour le pauvre, oh ! quelle angoisse
De passer sur la terre,
Sevré de toute consolation,
Et noyé dans la douleur !
Quelle vie malheureuse,
Il traîne jusqu’au tombeau !
La mort, si amère pour les heureux,
Le trouve plein de joie !
Le pauvre, en cette heure effrayante,
N’a regret de rien