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LE PROGRÈS DANS L’HUMANITÉ

crèce, de même que Rousseau, montre quelque faible pour les hommes des premiers temps. Il admire leurs jouissances faciles, — vives quoique grossières. Il a des rancunes contre notre civilisation. L’ascétisme est l’ennemi du progrès, et il y a de l’ascétisme dans la philosophie épicurienne, si molle en apparence, comme dans le stoïcisme, comme dans la plupart des philosophies antiques ou des religions. L’épicurisme était un système trop fermé pour pouvoir comprendre dans toute sa largeur l’idée de progrès. Nous avons vu qu’il a contribué à la susciter ; il appartenait à des doctrines plus modernes de développer cette idée encore imparfaite et de communiquer à l’humanité une plus pleine conscience du travail intérieur qui sans cesse s’accomplit en elle.