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CHAPITRE II
LA MÉTAPHYSIQUE RELIGIEUSE




I. — L’Animisme ou Polydémomsme. — Formation de l’idée dualiste d’esprits séparés. — Société avec les esprits.
II. — La Providence et le Miracle. — Comment s’est développée l’idée dualiste de providence spéciale. — Idée du miracle. — Le surnaturel et le naturel. — Explications scientifiques et miracles. — Modification du caractère moral et social de l’homme par la croyance à un rapport de société constante avec une providence spéciale. — Sentiment croissant d’irresponsabilité, de passivité et de « dépendance absolue. »
III. — La Création. — Comment s’est formée l’idée de création. Reste de dualisme dans cette idée. — Notion ultérieure du monisme.
Classification des métaphysiques religieuses. Critique de la classification proposée par M. de Hartmann. Critique de la classification proposée par Auguste Comte.



I. — L’ANIMISME


Ce qui ressort du livre précédent, c’est que toute religion, à son début, enveloppait une physique erronée ; entre la physique erronée et certaines formes de métaphysique il n’y a eu parfois qu’une simple différence d’extension. Agrandissez une erreur scientifique quelconque, réduisez-la en système, faites-lui dominer le ciel et la terre : ce sora de la métaphysique, — non pas la bonne, il est vrai. Tout ce qu’on universalise, erreur ou vérité, acquiert une valeur métaphysique, et peut-être est-il plus facile d’universaliser ainsi le faux que le vrai : le vrai a toujours un caractère plus concret et conséquemment plus particulier, plus résistant. Qu’un savant moderne développe sa science et élargisse le cercle des phénomènes connus, il ne pourra jamais,, tant qu’il s’en tiendra à la rigueur des méthodes scientifiques, passer d’un saut de la sphère phénoménale à la sphère des choses en soi. Le savant rigoureux est enfermé dans sa science, et sa pensée n’a point d’issue.