I. — L’ANIMISME
Ce qui ressort du livre précédent, c’est que toute religion, à son début, enveloppait une physique erronée ; entre la physique erronée et certaines formes de métaphysique il n’y a eu parfois qu’une simple différence d’extension. Agrandissez une erreur scientifique quelconque, réduisez-la en système, faites-lui dominer le ciel et la terre : ce sora de la métaphysique, — non pas la bonne, il est vrai. Tout ce qu’on universalise, erreur ou vérité, acquiert une valeur métaphysique, et peut-être est-il plus facile d’universaliser ainsi le faux que le vrai : le vrai a toujours un caractère plus concret et conséquemment plus particulier, plus résistant. Qu’un savant moderne développe sa science et élargisse le cercle des phénomènes connus, il ne pourra jamais,, tant qu’il s’en tiendra à la rigueur des méthodes scientifiques, passer d’un saut de la sphère phénoménale à la sphère des choses en soi. Le savant rigoureux est enfermé dans sa science, et sa pensée n’a point d’issue.