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le naturalisme moniste. destinée des mondes.

astres offre une composition physique et chimique sensiblement analogue à celle de la terre ; enfin ils ont dû passer par des phénomènes analogues de vaporisation et de condensation, d’incandescence et de refroidissement : il est donc probable que la vie organique s’y est produite sous une forme plus ou moins voisine de celle qu’elle a présentée à l’origine sur notre globe. En effet, l’homogénéité de matière inorganique, que l’analyse spectrale nous fait constater jusque dans les astres les plus reculés, permet de supposer, en vertu d’une induction qui n’est pas trop invraisemblable, une certaine similitude dans les types les plus fondamentaux de la vie organique. Des types analogues de minéralisation et de cristallisation ont dû aboutir à des types analogues d’organisation, quoique le nombre et la richesse des formes possibles augmente à mesure qu’on passe à des degrés plus complexes d’existence. Nous ne voyons pas trop pourquoi le protoplasma originaire aurait été, dans tel satellite de Sirius, infiniment différent de ce qu’il a été sur notre globe. Peut-être même les combinaisons de la vie sont-elles parfois retombées dans des sortes de décimales périodiques, reproduisant les mêmes formes et « nombres vivants », comme dirait Pythagore. Il semble difficile à la science actuelle de supposer la vie à tel degré déterminé de son évolution autre part que dans un organisme plus ou moins semblable à la cellule, de supposer la vie consciente de soi autrement que centralisée et se manifestant par des vibrations analogues à celles qui parcourent notre système nerveux : la vie consciente se ramène à une société de vivants, à une sorte de conscience sociale qui semble avoir besoin de se projeter dans un foyer pour arriver à l’individualité. La vie organique et consciente, ayant des conditions encore plus déterminées que celles de la vie inorganique, a dû être entraînée dans une évolution qui, malgré toute la différence des milieux, aura offert sans doute bien des analogies avec celle des espèces animales et humaines sur notre terre. Peut-être les lois les plus générales de Geoffroy Saint-Hilaire, sur la corrélation et le balancement des organes pourraient-elles se vérifier même chez les animaux qui se trouvent dans les satellites des lointaines étoiles de vingtième grandeur. Malgré l’imagination qu’a montrée la nature sur notre globe même dans la variété de ses flores et de ses faunes, on peut supposer que le génie de la vie sur notre terre offre des points de similitude avec le génie qui travaille sur les autres globes. Mal-