sance ou de révolte, de protection et d’autorité, de
soumission, de crainte, de respect, de dévouement ou
d’amour : la religion est un sociomorphisme universel.
La société avec les animaux, la société avec
les morts, la société avec les esprits, avec les bons et
les mauvais génies, la société avec les forces de la
nature, avec le principe suprême de la nature, ne
sont que des formes diverses de cette sociologie universelle
où les religions ont cherché la raison de
toutes choses, aussi bien des faits physiques comme
le tonnerre, la tempête, la maladie, la mort, que des
relations métaphysiques, — origine et destinée, — ou
des relations morales, — vertus, vices, loi et sanction.
Si donc nous étions obligé d’enfermer la théorie de ce livre dans une définition nécessairement étroite, nous dirions que la religion est une explication physique, métaphysique et morale de toutes choses par analogie avec la société humaine, sous une forme imaginative et symbolique. Elle est, en deux mots, une explication sociologique universelle, à forme mythique.
Pour justifier cette conception, passons en revue les définitions qu’on a essayées du sentiment religieux ; nous verrons qu’elles ont besoin d’être complétées l’une par l’autre, et toutes par le point de vue social.
Parmi ces définitions, celle qui a été peut-être le plus souvent adoptée dans ces derniers temps, avec des modifications diverses, par Strauss, par Pfleiderer, par Lotze, par M. Réville, c’est celle de Schleiermacher. Selon lui, l’essence de la religion consiste dans