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introduction

le second subit. En ce sens, V. Hugo apparaîtra plutôt comme un grand songeur, mais « ce genre de songe profond est la caractéristique de la plupart des génies, qui sont emportés par leur pensée plutôt qu’ils ne la maîtrisent ». Après une exposition complète des doctrines de Victor Hugo vient l’examen de celles que les successeurs d’Hugo, tels que Sully-Prudhomme et Leconte de Lisle, ont introduites dans leurs poésies.


IX. — Comme l’évolution du roman et de la poésie, Guyau montre celle du style. La théorie du style n’a guère été faite jusqu’ici qu’à un point de vue purement littéraire, ou, chez Spencer, au point de vue un peu trop mécanique de la « moindre dépense de force et d’attention ». Guyau considère le style comme instrument de « communication sympathique » et de « sociabilité esthétique » ; aspect nouveau et intéressant de la question. Il insiste surtout sur la transformation par laquelle la prose devient de plus en plus « poétique », non au vieux sens de ce mot, qui désignait la recherche des ornements et les fleurs du style, mais au sens vrai, qui désigne « l’effet significatif et surtout suggestif » produit par l’entière adaptation de la forme au fond, du rythme et des images à la pensée émue.