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l’art au point de vue sociologique.

Pour lui, le remède aux révolutions n’est pas la sévérité de la répression, mais la fraternité en haut et linstructioa en bas.


.....Sans compter que toutes ces vengeances,
C’est l’avenir qu’on rend d’avance furieux !
.................
Flux, reflux. La souffrance et la haine sont sœurs.
Les opprimés refont plus tard des oppresseurs [1].


Malheureusement, « il y a toujours plus de misère en bas que de fraternité en haut [2]. »


Que leur font nos pitiés tardives ? Oh ! quelle ombre !
Que fûmes-nous pour eux avant cette heure sombre ?
Avons-nous protégé ces femmes ? Avons-nous
Pris ces enfants tremblants et nus sur nos genoux ?
L’un sait-il travailler et l’autre sait-il lire ?
L’ignorance finit par être le délire ;
Les avons-nous instruits, aimés, guidés enfin,
Et n’ont-ils pas eu froid ? et n’ont-ils pas eu faim [3] ?


Pex urbis, s’écrie Cicéron en parlant du peuple ; mob, ajoute Burke indigné ! Hugo leur répond : — « Tourbe, multitude, populace ; ces mots-là sont vite dits. Mais soit. Qu’importe ? qu’est-ce que cela me fait qu’ils aillent pieds nus ? Ils ne savent pas lire ; les abandonnerez-vous pour cela ? leur ferez-vous de leur détresse une malédiction ? la lumière ne peut-elle pénétrer ces masses ? Revenons à ce cri : Lumière ! et obstinons-nous-y ! Lumière ! lumière… Ces pieds nus, ces bras nus, ces haillons, ces ignorances, ces abjections, ces ténèbres peuvent être employés à la conquête de l’idéal… Ce vil sable que vous foulez aux pieds, qu’on le jette dans la fournaise, qu’il y fonde et qu’il y bouillonne, il deviendra cristal splendide ; et c’est grâce à lui que Galilée et Newton découvriront les astres. » Hugo conclut que « les deux premiers fonctionnaires de l’État, c’est la nourrice et le maître d’école [4]. » Il se persuade que « l’éducation sociale bien faite peut toujours tirer d’une âme, quelle qu’elle soit, l’utilité qu’elle contient [5] ». Un jour, dit-il en parlant d’un de ses héros,

  1. L’Année terrible, p. 200, 256, 257, 258, 259.
    (2) Les Misérables.
  2. L’Année terrible, p. 218, 249, 250, 231.
  3. Les Misérables.
  4. Les Misérables.
  5. Ibid.