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normande, les frappait au visage, ou bien un gras parfum d’étable, cette bonne et chaude puanteur qui s’exhale du fumier de vaches. Une petite fenêtre éclairée indiquait au fond de la cour la maison d’habitation.

Et il semblait à Jeanne que son âme s’élargissait, comprenait des choses invisibles ; et ces petites lueurs éparses dans les champs lui donnèrent soudain la sensation vive de l’isolement de tous les êtres que tout désunit, que tout sépare, que tout entraîne loin de ce qu’ils aimeraient.

Alors, d’une voix résignée, elle dit : « Ça n’est pas toujours gai, la vie. »

Le baron soupira : « Que veux-tu, fillette, nous n’y pouvons rien. »

Et le lendemain, père et petite mère étant partis, Jeanne et Julien restèrent seuls.