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rien qu’un dôme d’ombrelle, glissait là-bas au-dessus d’un massif. C’était elle sans aucun doute. Un petit garçon apparut, poussant un cerceau devant lui ; puis deux dames, — il la reconnut, — puis deux hommes : son père et un autre monsieur. Elle était tout en bleu, comme un ciel de printemps. Ah ! oui ! il la reconnaissait sans distinguer encore ses traits ; mais il n’osait point aller vers elle, sentant qu’il allait balbutier, rougir, qu’il ne saurait expliquer ce hasard sous l’œil soupçonneux de M. de Pradon.

Il marchait cependant à leur rencontre, sa jumelle sans cesse levée, tout occupé, semblait-il, à contempler l’horizon. Ce fut elle qui l’appela, sans même prendre la peine de jouer la surprise.

— Bonjour, Monsieur Mariolle, dit-elle. C’est superbe, n’est-ce pas ?

Interdit par cet accueil, il ne savait sur quel ton répondre et balbutiait :

— Ah ! vous, madame, quelle chance de vous rencontrer ! J’ai voulu connaître ce délicieux pays.

Elle reprit en souriant :

— Et vous avez choisi le moment où j’y suis. C’est tout à fait aimable de votre part.

Puis elle présenta :

— Un de mes meilleurs amis, M. Mariolle ; ma tante, Mme  Valsaci ; mon oncle qui fait des ponts.

Après les saluts échangés, M. de Pradon et le jeune homme se donnèrent une froide poignée de main et on continua la promenade.