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jours, peut-être douze, à Avranches. Nous partons mardi matin. Qu’en dites-vous ?

— Je dis que vous me navrez.

— C’est tout ?

— Que voulez-vous ? je ne peux vous en empêcher !

— Vous ne voyez rien à faire ?

— Mais… mais non… je ne sais pas, moi ! Et vous ?

— Moi, j’ai une idée, que voici : Avranches est tout près du Mont Saint-Michel. Connaissez-vous le Mont Saint-Michel ?

— Non, madame.

— Eh bien ! vous aurez, vendredi prochain, l’inspiration d’aller voir cette merveille. Vous vous arrêterez à Avranches, vous vous promènerez, samedi soir, par exemple, au coucher du soleil dans le jardin public, d’où l’on domine la baie. Nous nous y rencontrerons par hasard. Papa fera une tête, mais je m’en moque. J’organiserai une partie pour aller tous ensemble avec la famille, le lendemain, à l’abbaye. Montrez de l’enthousiasme, et soyez charmant, comme vous savez l’être quand vous voulez. Faites la conquête de ma tante et invitez-nous tous à dîner à l’auberge où nous descendrons. On y couchera et nous ne nous quitterons ainsi que le lendemain. Vous reviendrez par Saint-Malo, et huit jours plus tard je serai de retour à Paris. Est-ce bien imaginé ? Suis-je gentille ?

Il murmura dans un élan de reconnaissance :