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APPENDICE.

bientôt on ne délivra plus les caisses qui jusqu’alors avaient été régulièrement remises aux prisonniers. Chaque semaine il en arrivait environ trois cents ; le capitaine Ould, qui les recevait, au lieu de les distribuer à ceux à qui elles appartenaient, les faisait empiler dans des hangars, ou dans des cours, en face des malheureux affamés, qui étaient ainsi condamnés au supplice de Tantale.

Quelquefois, cinq ou six de ces caisses étaient ouvertes et distribuées ; on faisait venir celui à qui elles étaient adressées, on lui ordonnait d’étendre sa couverture, et là on jetait pêle-mêle les boîtes ouvertes qui renfermaient des conserves de fruits, du lait condensé, du tabac, des légumes ou de la viande. On devine ce que pouvait valoir un pareil mélange.

Parfois, dans ces caisses, il y avait des vêtements destinés aux prisonniers ; les gens de service de la prison s’en emparaient, et plus d’une fois il leur est arrivé de revendre fort cher aux détenus des objets qui portaient encore la marque de la commission sanitaire.

Quant aux châtiments, la plus légère infraction était punie comme le délit le plus grave. On consignait les malheureux dans des cellules situées au-dessous de la prison, dont les murs