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COMPLÉMENT DE LA CONVENTION.

que, chargée de veiller à l’observation de la Convention, sache positivement ce qui doit être toléré et ce qui doit être flétri ; or comment serait-elle en mesure de se prononcer si la loi lui est inconnue ? Dira-t-on que ce raisonnement est un cercle vicieux, puisque la Convention n’est au fond que le reflet de l’opinion publique ? Mais qui ne sait que cette opinion, pour être générale par essence, n’est pas nécessairement universelle ? Elle traduit le sentiment d’une forte majorité, de l’élite d’une nation si l’on veut, mais il peut y avoir beaucoup de gens qui ne la partagent pas. Ou bien encore elle peut être plus instinctive que raisonnée, et n’avoir pas poussé de profondes racines dans les esprits et dans les cœurs, de telle sorte que le jour où elle se présentera comme une entrave à un penchant naturel on ne l’écoute plus. Il faut beaucoup de temps et d’efforts pour accomplir une réforme morale et la faire pénétrer, dans toutes les couches de la société. « Les maximes du droit des gens pénètrent peu à peu les intelligences, mais elles s’y rencontrent et elles s’y heurtent avec les passions[1] »

« Pendant longtemps encore, dit le docteur

  1. Vergé, ouvrage cité, XXXIX.