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perdus, et de coquillages qu’il cherchait le long des grèves.

Quelquefois, au tournant d’une côte, il voyait sous ses yeux une confusion de toits pressés, avec des flèches de pierre, des points, des tours, des rues noires s’entrecroisant, et d’où montait jusqu’à lui un bourdonnement continuel.

Le besoin de se mêler à l’existence des autres le faisait descendre dans la ville. Mais l’air bestial des figures, le tapage des métiers, l’indifférence des propos glaçaient son cœur. Les jours de fête, quand le bourdon des cathédrales mettait en joie dès l’aurore le peuple entier, il regardait les habitants sortir de leurs maisons, puis les danses sur les places, les fontaines de cervoise dans les carrefours, les tentures de damas devant le logis des princes, et le soir venu, par le vitrage des rez-de-chaussée, les longues tables de famille, où des aïeux tenaient des petits enfants sur leurs genoux ; des sanglots l’étouffaient, et il s’en retournait vers la campagne.

Il contemplait avec des élancements d’amour les poulains dans les herbages, les oiseaux dans leurs nids, les insectes sur les fleurs ; tous, à son approche, couraient plus loin, se cachaient effarés, s’envolaient bien vite.

Il rechercha les solitudes. Mais le vent apportait à son oreille comme des râles d’agonie ; les