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lotus, d’où ruisselle continuellement une cascade de pierres précieuses.

Non ! je ne veux pas !

Il donne un coup de pied dans la coupe : la vision disparaît.

Ah ! quand donc serai-je tranquille ? Quel pécheur je fais ! Je ne puis avoir une idée sans perdre mon âme ! À moi ! à moi, souffrances de la chair !

Il saute sur la discipline
le cochon
se réveille.

Quel rêve !

J’étais au bord d’un étang. J’y suis entré, car j’avais soif, et l’onde, tout à coup, s’est changée en lavure de vaisselle. Alors une brise chaude comme une exhalaison de cuisine a poussé vers ma gueule des restes de nourriture qui flottaient au loin, çà et là. Plus j’en mangeais, plus j’en voulais manger, et je m’avançais continuellement, faisant avec mon corps un sillon dans cette bouillie claire. J’y nageais éperdu, je me disais : « Dépêchons-nous » ! La pourriture de tout un monde s’étalait autour de moi pour satisfaire mon appétit. J’entrevoyais, dans la brume, des caillots de sang noir, des flaques d’huile, des intestins bleus et les excréments de toutes les bêtes, avec le vomissement des orgies et le pus verdâtre qui suinte des plaies. Cela s’épaississait sous moi. J’enfonçais des quatre pattes ; une averse nauséabonde, qui tombait menue comme des aiguilles, me piquait les yeux, mais j’avalais toujours, car c’était bon. Bouillant de plus en plus et me pressant les côtes, le lac immense me brûlait, m’étouffait. Je voulais fuir, je ne pouvais remuer ; je fermais la bouche, — il fallait la rouvrir ; — et alors d’autres choses d’elles-mêmes s’y précipitaient, tout me gargouillait dans le ventre, tout me clapotait aux oreilles. Je hurlais, je râlais, je mangeais !… pouah ! pouah ! j’ai envie de me briser le crâne contre les pierres, pour me débarrasser de ma pensée !

antoine
se fustigeant.

Aïe !… n’importe ! pas de lâcheté… Oh là !… tiens, pécheur tiens ! souffre donc ! pleure donc ! crie donc !… Encore, crie !… crie !… Eh bien ?… Je compterai jusqu’à cent ! jusqu’à mille !

Il s’arrête.