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roulent sous ses pieds nus, sa tunique blanche brille comme de la neige.
Un cercle d’or autour de sa tête, vibre dans l’air avec un mouvement élastique. Il tend la main gauche à saint Antoine et, de la droite, lui montre le ciel dans une attitude souveraine inspirée.
antoine
éperdu.

Une ambition tumultueuse m’enlève à des hauteurs qui m’épouvantent, le sol fuit comme une onde, ma tête éclate.

Il se cramponne à la croix tant qu’il peut.
les valériens.

Tiens ! voilà nos couteaux !

les circoncellions
reparaissant.

Tiens ! voilà nos poignards !

les carpocratiens.

Tiens ! voilà nos fleurs !

les montanistes.

Tiens ! voilà nos cilices, nos poisons, nos croix, nos chevalets.

maximilla et priscilla
pleurant.

Ô doux Antoine ! nous entends-tu ? Arrive.

les sabéens.

Viens prier avec nous dans nos temples de granit qui sont en forme d’étoiles.

les manichéens.

Non ! cours à la fête du Bhéma. Tu t’assoiras dans la chaire de Manès. Nous te frotterons de benjoin, tu boiras du vin cuit et tu comprendras les deux Principes, les douze Vases, les cinq Natures et les huit Terres, avec l’Omophore portant le monde