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junon.

Il ne fallait pas avoir tant d’amours ! Aigle, taureau, cygne, pluie d’or, nuage et flamme, tu as pris toutes les formes, égaré ta lumière dans tous les éléments, perdu tes cheveux sur tous les lits ! Le divorce est irrévocable cette fois, — et notre domination, notre existence dissoute !

Elle s’éloigne dans l’air.
minerve
n’a plus sa lance ; et des corbeaux, qui nichaient dans les sculptures de la frise, tournent autour d’elle, mordent son casque.

Laissez-moi voir si mes vaisseaux, fendant la mer brillante, sont revenus dans mes trois ports, pourquoi les campagnes se trouvent désertes, et ce que font maintenant les filles d’Athènes.

Au mois d’Hécatombéon, mon peuple entier se portait vers moi, conduit par ses magistrats et par ses prêtres. Puis s’avançaient en robes blanches avec des chitons d’or, les longues files des vierges tenant des coupes, des corbeilles, des parasols ; puis, les trois cents bœufs du sacrifice, des vieillards agitant des rameaux verts, des soldats entrechoquant leurs armures, des éphèbes chantant des hymnes, des joueurs de flûte, des joueurs de lyre, des rhapsodes, des danseuses ; — enfin, au mât d’une trirème marchant sur des roues, mon grand voile brodé par des vierges, qu’on avait nourries pendant un an d’une façon particulière ; et quand il s’était montré dans toutes les rues, toutes les places et devant tous les temples, au milieu du cortège psalmodiant toujours, il mon-