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hilarion.

Qui donc te rend triste ?

antoine
après avoir cherché en lui-même, longtemps :

Je pense à toutes les âmes perdues par ces faux dieux !

hilarion.

Ne trouves-tu pas qu’ils ont… quelquefois… comme des ressemblances avec le vrai ?

antoine.

C’est une ruse du Diable pour séduire mieux les fidèles. Il attaque les forts par le moyen de l’esprit, les autres avec la chair.

hilarion.

Mais la luxure, dans ses fureurs, a le désintéressement de la pénitence. L’amour frénétique du corps en accélère la destruction, — et proclame par sa faiblesse l’étendue de l’impossible.

antoine.

Qu’est-ce que cela me fait à moi ! Mon cœur se soulève de dégoût devant ces dieux bestiaux, occupés toujours de carnages et d’incestes !

hilarion.

Rappelle-toi dans l’Écriture toutes les choses qui te scandalisent, parce que tu ne sais pas les