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LA TENTATION
DE
SAINT ANTOINE.

I

C’est dans la Thébaïde, au haut d’une montagne, sur une plate-forme arrondie en demi-lune, et qu’enferment de grosses pierres.
La cabane de l’ermite occupe le fond. Elle est faite de boue et de roseaux, à toit plat, sans porte. On distingue dans l’intérieur une cruche avec un pain noir ; au milieu, sur une stèle de bois, un gros livre ; par terre çà et là des filaments de sparterie, deux ou trois nattes, une corbeille, un couteau.
À dix pas de la cabane, il y a une longue croix plantée dans le sol ; et à l’autre bout de la plate-forme, un vieux palmier tordu se penche sur l’abîme, car la montagne est taillée à pic, et le Nil semble faire un lac au bas de la falaise.
La vue est bornée à droite et à gauche par l’enceinte des roches. Mais du côté du désert, comme des plages qui se succéderaient, d’immenses ondulations parallèles d’un blond cendré s’étirent les unes derrière les autres, en montant toujours ; puis au delà des sables, tout au