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avec une croix d’honneur sur son habit, et des dessous de pied qui l’empêchaient de remuer les genoux ; il avait un grand nez, et de petits yeux verts qui avaient l’air méchant. Il m’aborda en souriant, il n’avait plus de dents. Quand on sourit il faut avoir une petite lèvre rose comme la tienne, avec un peu de moustache aux deux bouts, n’est-ce pas, cher ange ?

Nous nous assîmes ensemble sur un banc, il me prit les mains, il me les trouva si jolies qu’il en baisait chaque doigt ; il me dit que si je voulais être sa maîtresse, rester sage et demeurer avec lui, je serais bien riche, j’aurais des domestiques pour me servir, et tous les jours de belles robes, je monterais à cheval, je me promènerais en voiture ; mais pour cela, disait-il, il fallait l’aimer. Je lui promis que je l’aimerais.

Et cependant aucune de ces flammes intérieures qui naguère me brûlaient les entrailles, à l’approche des hommes, ne m’arrivait ; à force d’être à côté de lui et de me dire intérieurement que c’était celui-là dont j’allais être la maîtresse, je finis par en avoir envie. Quand il me dit de rentrer, je me levai vivement, il était ravi, il tremblait de joie, le bonhomme ! Après avoir traversé un beau salon, où les meubles étaient tout dorés, il me mena dans ma chambre et voulut me déshabiller lui-même ; il commença par m’ôter mon bonnet, mais voulant ensuite me déchausser, il eut du mal à se baisser et il me dit : « C’est que je suis vieux, mon enfant » ; il était à genoux, il me suppliait du regard, il ajouta, en joignant les deux mains : « Tu es si jolie ! », j’avais peur de ce qui allait suivre.

Un énorme lit était au fond de l’alcôve, il m’y traîna en criant ; je me sentis noyée dans les édredons et dans les matelas, son corps pesait sur moi, avec un horrible supplice, ses lèvres molles me couvraient de baisers froids, le plafond de la chambre m’écrasait. Comme il était heureux ! comme il se pâmait ! Tâchant,