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soin encore de voir le soleil, le Tibre, les champs, le cirque au sable d’or, ah ! je veux vivre !

la mort.

Je te donnerai un drap dans la tombe, un lit éternel plus doux et plus tranquille que tes coussins d’empereur.

néron.

Oui, je suis bien lent à mourir.

la mort.

Eh bien, meurs !

Et elle l’emporta dans les plis de son linceul qu’elle secoua sur la terre.

satan.

Tiens, là, plus loin, ce sont les philosophes mourant pour avoir le plaisir de se faire applaudir au dernier moment, comme ce squelette abîmé qui se pose pour attirer les regards de la foule ; c’est une fille de joie ou un gladiateur.

Plus loin, voilà l’église, hideux corps sous sa chape dorée.

Le pape s’avance, usé par l’âge, corrompu de débauche, le dos voûté et la tête lourde. Il va mourir, il prie la Mort à deux genoux, jette sur ses pieds ses bénédictions, ses vœux, ses regrets, ses larmes, ses prières ; il traîne ses cheveux blanchis dans la poussière. Vois comme sa voix tremble ! il a peur, le saint vieillard !

la mort.

Non, non, quitte tes habits de pontife, ta tiare ornée de diamants ; descends de ton trône souverain et viens dans mes bras. Depuis longtemps je t’appelle ; tu te cramponnes aux barreaux de la foi, mais je t’en arrache, viens !