Page:Gustave Flaubert - Œuvres de jeunesse, I.djvu/396

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chapelles, des églises, vœux, pèlerinages, pénitence… la science humaine se trouble, Angelo m’abandonne, et le ciel aussi me refuse ses secours !… Ma position est atroce, tout me manque. Ô Dieu ! Dieu, accorde-moi la vie !

Le saint homme

Il vous la donnera tout à l’heure, longue, éternelle.

Loys

Oh ! ne me parlez pas d’éternité, vous me feriez mourir ; mais dites-moi plutôt quel saint il faut adorer, quel pèlerinage il faut faire. Est-ce que je me suis assez torturé, assez donné de tortures ? dites quelle église il faut bâtir, vous devez savoir cela, mon père. Si vous voulez, je ferai un pèlerinage à Jérusalem, pieds nus, et à chaque lieue je prierai la Vierge.

Le saint homme

Tu seras donc toujours insensé, homme faible et sans courage ! Rien de tout cela, roi ? tu vas mourir !

Loys

La mort ! la mort !… Qu’est-ce qu’il y a, mon père, après qu’on a fermé les yeux et qu’on ne respire plus ?

Le saint homme

Confessez-vous, mon fils.

Loys

Irai-je en enfer ? on dit qu’on y brûle toujours et qu’on n’y meurt jamais !… Mais laissez-moi dans l’enfer de cette vie, mon Dieu !

Le saint homme

Vous avez trahi vos traités, n’est-ce pas, mon fils ?