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Louis XI

Merci… Ah ! ce sont les reliques que nous envoie le Turc ? Elles me feront du bien, j’espère. (Il s’assied sur le lit de repos disposé en pente au milieu de la chambre.) Ah ! que je souffre ! il me semble avoir du plomb bouillant dans les os.

Tristan

Du courage, sire !

Louis XI

Ah ! c’est toi, mon bon compère ? ta main, que je la presse dans la mienne, elle ne m’a jamais failli. Merci de tes encouragements, mais c’est aujourd’hui mon dernier jour, ce soir je dormirai en repos… Cela est-il vrai, Coitier ? Crois-tu que je vais mourir ?

Coitier

Non, sire, mais vous êtes malade, et gravement malade, sire.

Louis XI

Mais il y a de l’espoir, n’est-ce pas ? Si j’allais devenir bien portant, jeune, seulement encore deux ans à vivre ! (Il se lève, veut marcher, chancelle et se rassied.) Je sens que je vivrai, n’est-ce pas ? Est-ce là ton avis, Commines ? dis, toi qui as tant d’expérience.

Commines

Je l’espère tant, sire, que j’y crois.

Louis XI

Bon Commines !… Et toi, Olivier, n’est-ce pas que je suis encore jeune et vigoureux ?… et puis on a vu des gens malades vivre longtemps, plus longtemps que d’autres qui se portaient bien. Réponds !

Olivier

Oui, cela s’est vu souvent.