d’une armure qui s’en va quand elle commence à vieillir.
Du courage, mon père, notre dernière épreuve est peut-être déjà passée ; et puis chaque jour je prie Dieu pour vous avec une âme si tendre, avec de si chaudes prières, qu’il doit m’écouter et s’attendrir.
J’ai besoin que ce soient tes lèvres qui le disent pour le croire ; depuis si longtemps les hommes me trompent ! Chaque jour de nouvelles trahisons, de nouvelles lâchetés ! Commines d’abord, René et le duc de Milan me trahissent, le roi de Portugal m’abandonne, Cyprien de Baschi ensuite, l’autre jour Campo Basso, aujourd’hui un autre viendra peut-être, et demain, qui sait ?
Espérons, car vous n’avez jamais été ni traître ni parjure… Dieu…
Oh ! Dieu… Vois-tu, Marie, tu es trop jeune encore ; chaque malheur qui vous arrive est une croyance qui s’en va. Si Dieu m’aimait, il me donnerait la victoire. Je la mérite, n’est-ce pas ? j’ai trois défaites à ma gloire, Marie : Beauvais, Granson, Morat ; ce sont trois plaies que j’ai dans le cœur, elles saignent toujours et m’étouffent.
Peut-être aujourd’hui même Nancy est à vous ?
Non ! j’ai dans l’âme une agonie qui me ronge.
Jamais vous n’êtes si sombre. Qu’avez-vous, mon