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LOYS XI.

Cela est difficile, en effet, de se faire aimer, après un père comme Philippe le Bon.

Vanderiesche

Avez-vous vu, compère Cousinot, comme son cheval avait les sabots luisants, le jarret raide, et comme il renversait avec sa croupe le populaire qui l’entourait ?

Cousinot

Mort Dieu ! oui, je l’ai vu, et ses archers avec leurs arbalètes tendues ; mais je vous jure que nous plierons toutes ces armures dans nos mains. Ah ! les nobles ! voyez-vous, je les hais jusqu’aux ongles ; ils nous frappent sans cesse avec leurs épées, nous renversent avec le poitrail de leurs chevaux, et nous autres, nous sommes nus et sans armes ; ils sont forts, eux. Oui, je les hais (le cabaretier apporte une table, deux tabourets, deux gobelets), encore une fois, autant que j’adore le vin de Beaune.


Scène II

Les précédents, Le TAVERNIER.
Le tavernier

Voilà, mes maîtres ! c’est du meilleur que vous ayez bu de votre vie.

Vanderiesche

Eh bien ? brave homme, que dites-vous du Duc ?

Le tavernier

Hum ! ce qu’en dit tout le monde.

Vanderiesche

Et qu’en dit-il ?

Le tavernier

Que sais-je ?