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UNE
LEÇON D’HISTOIRE NATURELLE[1].


GENRE COMMIS.

Depuis Aristote jusqu’à Cuvier, depuis Pline jusqu’à M. de Blainville, on a fait des pas immenses dans la science de la nature. Chaque savant est venu apporter à cette science son contingent d’observations et d’études ; on a voyagé, fait des découvertes importantes, tenté de périlleuses excursions, d’où l’on n’a rapporté le plus souvent que de petites fourrures noires, jaunes ou tricolores ; et puis l’on était bien aise de savoir que l’ours mangeait du miel et qu’il avait un faible pour les tartes à la crème.

Ce sont de bien grandes découvertes, je l’avoue. Mais aucun homme n’a encore songé à parler du Commis, l’animal le plus intéressant de notre époque.

Aucun sans doute n’a fait des études assez spéciales, n’a assez médité, assez vu, assez voyagé pour pouvoir parler du Commis avec ample connaissance de cause.

Un autre obstacle se présentait : comment classer cet animal ? car on a hésité longtemps entre le bradype, le hurleur et le chacal.

Bref, la question resta indécise, et on laissa à l’avenir le soin de résoudre ce problème avec celui de découvrir le principe du genre chien.

  1. Cette étude a paru dans le Colibri du 30 mars 1837, puis fut publiée par M. René Descharmes dans Flaubert, sa vie, son caractère et ses idées avant 1857 (Ferroud, édit.).