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douze hommes avec lesquels il vint pour se purger de ce crime par un faux serment ; je ne voulais recevoir aucun serment ; mais sollicité par lui et par nos citoyens, je renvoyai ceux qu’il avait amenés, pris seulement son serment, et le reçus à la communion. On était alors dans le premier mois [mars]. Au cinquième mois, à l’époque où l’on a coutume de faucher les prés, il envahit un pré de religieuses qui confinait au sien ; mais, aussitôt qu’il y eut mis la faux, il fut pris de la fièvre, et rendit l’esprit le troisième jour. On l’avait mis en un sépulcre dans la basilique de saint Martin, au bourg de Candes. On trouva le sépulcre ouvert et brisé en pièces ; on l’ensevelit ensuite sous le portique de la basilique, et les vases du hérisson, qu’il avait juré faussement n’avoir point pris, furent, après sa mort, rapportés de son cellier. Ainsi se manifesta la puissance de la bienheureuse Marie, dans la basilique de laquelle ce misérable avait proféré de faux sermens.

Le bruit s’étant répandu par tout le pays que l’évêque Prétextât avait été tué par l’ordre de Frédégonde, pour se laver de ce crime, elle fit prendre un de ses serviteurs, et ordonna qu’il fût violemment frappé de coups, disant : « C’est toi qui as fait tomber sur moi ce blâme, en attaquant de ton épée Prétextat, évêque de la ville de Rouen ; » et elle le livra au neveu de l’évêque. Celui-ci l’ayant fait appliquer aux tourments, le serviteur découvrit clairement toute l’affaire, et dit : « J’ai reçu de la reine Frédégonde cent sols d’or pour faire ce que j’ai fait. J’en ai eu cinquante de l’évêque Mélantius, et