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mourut aussi Sabaude [Sabaudus], évêque d’Arles, à la place duquel fût nommé Licérius, référendaire du roi Gontran. Cette province fut dépeuplée par une cruelle contagion. Evans [Evantius], évêque de Vienne, mourut aussi, et, à sa place, le roi nomma Virus, prêtre de race sénatoriale. Cette année, beaucoup d’évêques quittèrent ce monde, et je n’en parle point, parce que chacun a laissé dans sa ville des monuments.

Il y eut dans la ville de Tours un certain Pélage [Pelagius], exercé à une infinité de méchancetés, ne craignant aucun juge, parce qu’il avait sous ses ordres les gardes des chevaux du fisc. Il ne cessait de surprendre les citoyens, d’envahir leurs biens, de les maltraiter, et de se livrer à diverses sortes de crimes, tant sur l’eau que sur terre. Je le mandai plusieurs fois, et tachai, soit par des menaces, soit par des paroles de douceur, de le détourner de sa mauvaise conduite ; mais, au lieu d’en recueillir aucun fruit de justice, je m’attirai plutôt sa haine, d’après les paroles de Salomon : Ne reprenez point le fou, de peur qu’il ne vous haïsse[1]. Ce malheureux avait en effet pour moi une telle haine que souvent, après avoir dépouillé et maltraité des gens de la sainte Église, il les laissait sans vie, cherchant de quelle manière il pourrait porter dommage, soit à la cathédrale, soit à la basilique de saint Martin. Il arriva qu’une fois il rencontra nos gens portant un hérisson xlvii dans des vases, il les maltraita, les foula aux pieds, et prit les vases. Ayant appris la chose, je lui interdis la communion, non pour venger mon injure, mais pour parvenir à le corriger de sa frénésie. Mais il choisit

  1. Prov. chap. 9, v. 8.