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encore à la cruauté de son âme inhumaine, l’excitant toujours par de mauvais conseils, et le stimulant à commettre des crimes. Il ne se passait pas un jour, pas un moment, où il ne s’occupât, soit à dépouiller des citoyens, soit à élever diverses querelles. Chaque jour, sans relâche, il siégeait avec les juges pour juger les procès, ne cessant d’exercer des offices séculiers, de sévir contre les uns, de maltraiter les autres ; il en frappait beaucoup de ses propres mains, disant : « Parce que je suis clerc, ne vengerai-je pas mes injures ? » Mais que dirai-je de sa conduite envers les autres, puisqu’il n’épargna pas ses propres frères, et qu’il les dépouilla de beaucoup de choses, tellement, qu’ils ne purent jamais obtenir de lui ce qui leur revenait des biens de leur père et de leur mère ? Ayant accompli la cinquième année de son épiscopat, en entrant dans la sixième, il avait fait préparer avec beaucoup de joie un repas pour les citoyens, lorsqu’il fut saisi de la fièvre, et la mort finit aussitôt pour lui l’année qu’il commençait. On mit à sa place Bertrand, archidiacre de Paris. Il se trouva exposé à beaucoup d’altercations avec la veuve du défunt, qui voulait retenir, comme lui appartenant, les choses données à l’Église du temps de l’évêque Bodégésile, disant : C’est mon mari qui les a gagnées. Cependant, elle fût forcée de tout rendre malgré elle, et elle était d’une méchanceté inexprimable. Elle coupait souvent aux hommes les parties naturelles, avec la peau du ventre, et faisait brûler aux femmes, avec des fers ardents, les parties secrètes de leur corps. Elle commit beaucoup d’autres iniquités qu’il vaut mieux, je crois, passer sous silence. En ce temps