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Gontran Boson m’a enlevé une partie de mes trésors qui contiennent des sommes immenses d’or et d’argent et différents objets, et le reste est dans la ville d’Avignon. Quant à moi, plaçant, après le secours de Dieu, tout mon espoir en vous, je me suis confié à vos conseils, et j’ai toujours souhaité de régner par vous. Maintenant, si vous m’avez trompé, répondez-en auprès de Dieu, et qu’il juge lui-même ma cause. » À ces paroles Mummole répondit : « Nous ne te disons rien de mensonger ; mais voilà des hommes très braves qui attendent ton arrivée à la porte. Défais maintenant mon baudrier d’or dont tu es ceint, pour ne pas paraître marcher avec orgueil ; prends ton glaive et rends-moi le mien. » Gondovald lui dit : « Je ne vois dans ces paroles autre chose que la perte de ce que j’ai reçu et porté par amitié pour toi. » Mais Mummole affirmait avec serment qu’on ne lui ferait aucun mal. Étant donc sortis de la porte, Gondovald fut reçu par Ollon [Ollo], comte de Bourges, et par Boson xxxvi. Mummole étant rentré dans la ville avec ses satellites, ferma la porte très solidement. Se voyant livré à ses ennemis, Gondovald leva les mains et les yeux au ciel, et dit : « Juge éternel, véritable vengeur des innocents, Dieu de qui toute justice procède, à qui le mensonge déplaît, en qui ne réside aucune ruse ni aucune méchanceté, je te confie ma cause, te priant de me venger promptement de ceux qui ont livré un innocent entre les mains de ses ennemis. » Après ces paroles, ayant fait le signe de la croix, il s’en alla avec les hommes ci-dessus nommés. Quand ils se furent éloignés de la porte, comme la vallée située au-dessous