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les Lombards, et craignant d’être défaits par son armée, ils se soumirent à sa domination lxxxiv, lui firent beaucoup de présents, et promirent de lui demeurer fidèles et soumis. Le roi ayant obtenu d’eux ce qu’il désirait retourna dans les Gaules, et ordonna de mettre en mouvement une armée qu’il fit marcher en Espagne. Cependant il s’arrêta. L’empereur Maurice lui avait donné, l’année précédente, cinquante mille sols d’or pour chasser les Lombards de l’Italie. Ayant appris qu’il avait fait la paix avec eux, il redemanda son argent, mais le roi, se confiant en ses forces, ne voulut seulement pas lui répondre là dessus lxxxv.

Il se passa en Galice de nouveaux mouvements dont nous allons rendre compte. Erménégild ayant encouru, comme nous l’avons dit [Livre V], la colère de son père, demeurait avec sa femme dans une ville d’Espagne lxxxvi, comptant sur le secours de l’empereur, et de Miron [Mir – livre V] roi de Galice. Ayant appris que son père venait vers lui avec une armée, il chercha de quelle manière il devait s’y prendre pour le repousser et le tuer, ne sachant pas, le malheureux, que le jugement de Dieu menace celui qui médite de telles choses contre son père, fût-il hérétique. Après y avoir bien pensé, parmi les nombreux milliers d’hommes qui l’accompagnaient, il choisit trois cents hommes d’armes qu’il renferma dans le château d’Osser[1] lxxxvii, dont l’église contient des fontaines qui se remplissent par l’ordre spécial de Dieu. Son projet était de lasser et de rompre ainsi la première impétuosité de son père, afin de le vaincre ensuite plus facilement avec des trou-

  1. Château fort qui était situé près de Séville.