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véritables ; car, dans la crainte de la mort que lui ont méritée ses crimes, il a passé au royaume de ton frère. » Le roi ne les crut point, et leur ordonna de retourner à la ville ; et tandis que cela se passait, les citoyens, affligés de l’absence de leur pasteur, et sachant que tout cela s’était fait par envie et par avarice, se saisirent de l’archidiacre et de son associé, auteurs de cette iniquité, et demandèrent au roi de leur rendre leur évêque. Le roi envoya des messagers à son frère, l’assurant qu’il n’avait trouvé l’évêque coupable d’aucun crime. Le roi Gontran, qui était bon et plein de libéralité envers les malheureux, lui fit beaucoup de présens, et lui donna des lettres pour tous les évêques de son royaume, afin que pour l’amour de Dieu ils eussent soin de l’assister dans son voyage. Alors, parcourant les cités, il en recueillit des prêtres de Dieu tant de choses, soit en vêtements, soit en or, qu’à peine put-il rapporter tout ce qu’il avait reçu, et en lui fut accomplie cette parole de l’apôtre : Tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu[1] ; car ce voyage lui apporta beaucoup de richesses, et son exil le mit dans l’opulence. Retournant ensuite vers ses concitoyens, il en fut reçu avec tant d’honneur qu’ils pleuraient de joie et bénissaient Dieu de ce qu’il avait rendu à son église un tel évêque.

Lupintius [vulg. Saint-Louvent], abbé de la basilique de Saint-Privas, martyr, dans la cité du Gévaudan lxxvi, fut mandé par la reine Brunehault, et vint la trouver. Il était accusé, dit-on, par Innocent [Innocentius], comte de ladite ville, d’avoir parlé de la reine avec irrévérence. Mais l’affaire ayant

  1. Épît. de S. Paul aux Rom. chap. 8, v. 28.