Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/377

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prendre un habit d’homme et l’emmena avec lui dans une autre ville où n’étant pas connu, il pourrait éviter le soupçon d’adultère. C’était une femme de race libre et née d’honnêtes parents. Ses proches ayant découvert longtemps après ce qui s’était passé, voulurent venger la honte de leur famille, et ayant trouvé le clerc, ils l’enchaînèrent, l’enfermèrent et firent brûler la femme. Ensuite, excités par la perverse soif de l’or, ils tâchèrent de vendre le clerc, c’est-à-dire de trouver quelqu’un qui le rachetât ; autrement il était dévoué à une mort certaine. Ces choses ayant été rapportées à Æthérius, ému de compassion, il donna vingt pièces d’or, et le sauva ainsi de la mort qui le menaçait. Après avoir recru la vie de cette manière, le clerc se donna pour docteur dans les lettres, et promit à l’évêque, s’il lui confiait des enfants, de les rendre accomplis dans cette science ; l’évêque joyeux de cette promesse rassembla les enfants de la cité et le chargea de les instruire. Il était honoré des citoyens ; le pontife lui avait donné des terres et des vignes, et il était invité dans les maisons des parents dont il instruisait les enfants. Mais revenant à ses anciennes habitudes et oubliant tout ce qu’il avait souffert, il s’éprit de concupiscence pour la mère d’un des enfants qu’il instruisait. Cette femme pudique ayant déclaré la chose à son mari, ses parents assemblés infligèrent au clerc de rudes tourments et voulurent le tuer. L’évêque, de nouveau touché de pitié, le délivra après l’avoir doucement réprimandé, et le rétablit dans ses honneurs ; mais rien ne put jamais tourner vers le bien l’esprit léger de cet homme, et, au lieu de cela, il devint l’en-