Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/369

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

périt plus de sept mille hommes des deux armées.

Les ducs avec le reste de leurs gens arrivèrent à la ville, ravageant et dévastant tout, et il se fit alors une telle dépopulation qu’on n’avait ouï rien de pareil dans les anciens temps, et qu’il ne resta ni maisons, ni vignes, ni arbres ; mais ils coupèrent, brûlèrent et détruisirent tout, emportant des églises ce qui appartenait au service divin, et brûlant les églises mêmes. Le roi Gontran marcha contre son frère avec son armée lxv, mettant en la justice de Dieu toute son espérance. Un soir il envoya son armée qui détruisit une partie de celle de son frère ; le matin suivant des envoyés passèrent de l’un à l’autre, et ils firent la paix, se promettant mutuellement que celui qui, d’après le jugement des évêques et des principaux du peuple, serait reconnu avoir dépassé les bornes de la loi, paierait à l’autre une composition, et ils se séparèrent de bon accord. Le roi Chilpéric, ne pouvant empêcher son armée de piller, tua de son épée le comte de Rouen, et ensuite il revint à Paris, chacun laissant le butin qu’il avait fait, et relâchant ses captifs. Ceux qui assiégeaient Bourges ayant reçu l’ordre de retourner chez eux, emportèrent avec eux tant de butin que le pays d’où ils sortirent fut comme qui dirait entièrement vidé d’hommes et de troupeaux. L’armée de Didier et Bladaste entra dans le territoire de Tours, et s’y livra à l’incendie, au pillage, au meurtre, comme on a coutume de le faire en pays ennemi. Ils emmenèrent des captifs, dont ils renvoyèrent ensuite plusieurs après les avoir dépouillés. Cette calamité fut suivie d’une maladie sur le bétail, en sorte qu’il resta à peine une seule bête. C’était une nou-