Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/364

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

saisi subitement d’une douleur de côté, se tondit les cheveux lx, fit pénitence et rendit l’esprit. Ses biens furent portés au fisc, on lui trouva de grands trésors d’or et d’argent et beaucoup et joyaux, dont il n’emporta rien que le préjudice qu’il avait fait à son ame.

Les envoyés qui étaient allés en Espagne revinrent sans en rapporter rien de positif, parce que Leuvigild était toujours en guerre contre son fils aîné. Dans le monastère de Sainte-Radegonde lxi une jeune fille, nommée Ditiola [Discolia], nièce de saint Sauve, évêque d’Albi, mourut de la manière que je vais dire. Elle était tombée malade, et les autres sœurs la servaient assidûment. Lorsque arriva le jour où elle devait se séparer de son corps, vers la neuvième heure, elle dit aux sœurs : « Voilà que je me sens mieux ; je n’éprouve plus aucune douleur, je n’ai plus besoin que vous vous empressiez autour de moi et demeuriez à me soigner ; allez-vous-en pour que je puisse plus aisément me laisser aller au sommeil. » À ces paroles, les sœurs quittèrent pour un instant sa cellule et revinrent peu de temps après ; elles demeuraient debout devant elle, attendant qu’elle leur parlât, lorsque étendant les mains et demandant à je ne sais qui sa bénédiction, elle dit : « Bénis-moi, ô saint et serviteur du Dieu Très-Haut ! Voilà aujourd’hui la troisième fois que tu souffres pour l’amour de moi ; pourquoi, ô saint ! supportes-tu, en faveur d’une pauvre femme malade, des injures si multipliées ? » On lui demanda à qui elle adressait ces paroles ; mais elle ne répondit rien, et, après un court intervalle, elle poussa un grand éclat de rire et rendit l’esprit. Et voilà qu’un