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et l’on punit ensuite cruellement ceux qui n’avaient, pas pris part à cette expédition. Le duc Bladaste [Baldatès], un des officiers de [Chilpérix] marcha en Gascogne xliv et y perdit la plus grande partie de son armée.

Loup, citoyen de la ville de Tours, ayant perdu sa femme et ses enfants, voulut entrer dans la cléricature. Son frère Ambroise l’en empêcha, craignant, s’il épousait l’Église de Dieu, qu’il ne l’instituât son héritière : il eut soin de le pourvoir promptement d’une femme. Cédant aux malheureuses suggestions de son frère, Loup atteignit le jour où il devait se lier par les fiançailles xlv. Tous deux se rendirent au château de Chinon, où ils avaient une maison ; mais la femme d’Ambroise, qui vivait en adultère, et, détestant son mari, en aimait un autre d’un amour impudique, tendit des piéges à Ambroise. Les deux frères, après s’être livrés ensemble aux plaisirs d’un festin, et remplis de vin jusqu’à l’ivresse, la nuit venue, se couchèrent dans un même lit : alors l’adultère de la femme d’Ambroise vint pendant la nuit, au moment où tous dormaient, accablés par le vin, et ayant allumé un feu de paille pour voir ce qu’ils faisaient, il tira son épée, et en frappa la tête d’Ambroise de telle sorte que le fer, descendant à travers les yeux, lui emporta le sommet de la tête. Loup, éveillé par ce coup, et se voyant nager dans le sang, jeta de grands cris en disant : « Hélas ! hélas ! au secours ! on a tué mon frère. » L’adultère, qui s’éloignait déjà après avoir commis son crime, entendant ces cris, revint vers le lit, alla à Loup. Celui-ci résistant, il le vainquit, après l’avoir déchiré d’un grand nombre de blessures, et l’ayant frappé d’un