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ment terrible le châtiment de cette témérité. Car ceux qui avaient commis ce crime s’étant rendus à Bordeaux, il s’éleva entre eux une querelle, et l’un d’eux en tua un autre. Le fait s’étant découvert par ce moyen, on retrouva ce qui avait été volé, et on prit dans leurs maisons l’argenterie mise en morceaux et les voiles de soie. La chose ayant été annoncée au roi Chilpéric, il ordonna qu’ils fussent enchaînés et conduits en sa présence ; mais alors craignant que des hommes ne mourussent à cause de celui qui, durant sa vie corporelle, avait souvent prié en faveur de ceux qu’on voulait mettre à mort, j’envoyai au roi une lettre de prières pour qu’il ne fit pas mourir ces hommes, puisqu’ils n’étaient pas accusés par nous à qui en appartenait la poursuite. Il reçut favorablement ma demande et leur accorda la vie. Il fit soigneusement remettre en état l’argenterie qui avait été brisée, et ordonna qu’elle fût replacée dans le lieu saint xxxiv.

L’évêque Théodore [Théodorus] de Marseille commença à se trouver cruellement exposé aux embûches de Dynamius gouverneur de la province ; et comme il se disposait à aller trouver le roi, le gouverneur le saisit au milieu de la cité, le retint, lui fit subir beaucoup d’outrages ; après quoi cependant il le relâcha. Le clergé de Marseille s’unissait à Dynamius pour machiner contre l’évêque des fourberies, afin de le dépouiller de l’épiscopat, et comme il se rendait auprès du roi Childebert, le roi Gontran ordonna de le retenir avec l’ex-préfet Jovin. Le clergé de Marseille l’ayant appris fut rempli d’une grande joie de le savoir déjà emprisonné, déjà condamné à l’exil ; et pour que les choses demeuras-